PETITE MAUD

 V14

Chère voisine,

Je vous ai vu traverser le corridor il y a peu, vous me sembliez jeune, peut-être pas tant que cela, mais fière et belle, et je ne savais si vous m’aviez remarqué, moi le maître bouddhiste si peu reconnu, votre voisin, qui peine à se nourrir et à avoir une vie affective, voir amicale, en ce lieu étrange. Il me semble qu’il y aurait mieux à faire que vous croiser lorsque vous partez ou revenez du travail ou de votre activité quotidienne. C’est un peu une amitié que je vous propose entre une personne perdue et une femme dont je ne connais pas encore la personnalité. La beauté a surgi pour une fois en ce lieu où les décombres de ma vie jaunissent à force de mépris et même disparaissent au profit d’un ricanement triomphant sur la culture d’un homme qui a beaucoup donné. Vous est-il permis de me connaître en ce pays où tout me semble changé et où j’ai cru pouvoir revoir les miens, l’émotion est grande en cet instant, car je sens ma vie menacée par le système répressif de cet endroit qui n’accorde plus à la liberté d’être soi-même le privilège d’avoir des moyens ni même l’attention des autres, chacun a peur peut-être ou un esprit trop triomphant alors que la morbidité du lieu est évidente à mes yeux, et je ressens le besoin de réparer cette âme locale avec les nouvelles personnes qui m’entourent si aucune loi ne veut éteindre cette aspiration, la loi de la propriété peut-être ou peut-être celle du silence, ou encore des rumeurs ou de la malveillance. Le passé est peut-être obscur mais l’avenir brillera peut-être. La faim sera peut-être ma peine pour avoir longtemps attendu l’amour, ou la brutalité des hommes et leur jalousie, ou la répression qui rapidement veut éteindre un foyer de culture peut-être mal connue, trop vite condamné, par la haine et la cupidité. Comme un Phoenix je peux peut-être recréer des liens avec des êtres d’ici ma terre natale. J’ai un souvenir pour une femme qui n’est jamais revenu, et peut-être un pseudonyme familier à vous donner « Petite Maud », pardonnez-moi de parler de votre jeunesse apparente, mais vous lui ressemblez beaucoup. Je suis quelqu’un de simple et je finis toujours par attirer l’agressivité des dominants, d’ordinaire ma sagesse suffit à éloigner les problèmes mais la brutalité et l’isolement auront peut-être raison de moi. Alors me regarderez-vous un jour sans parler de Goye ou pas Goye, je suis humain et je crois en la vérité de la Science et non en la légitimité de textes anciens que j’appelle pourquoi pas les religions administratives vu le nombre de casses-têtes que cela pose et le manque de tolérance que cela engendre, je propose le plus souvent un simple système, amour, compassion, bienveillance, et il faut pouvoir ressentir cela, des êtres trop cyniques peuvent peut-être préférer la mort spirituelle ou l’ignorance, ce qui conduirait à la connerie absolue !

Patrick Fox